Page:Joseph Marchand - L'Université d'Avignon aux XVIIe et XVIIIe siècles.djvu/190

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accourir en grand nombre à Avignon les candidats naguère si rares ; alors la Faculté des arts répara le temps perdu : au xviiie siècle, elle ne fit pas moins de quatorze à quinze cents gradués[1].

En somme, considérées comme jurys d’examens, les Facultés avignonaises ne chômèrent jamais et le chiffre total de leurs gradués de tout ordre est fort imposant. Mais les diplômes qu’elles délivraient parfois en si grand nombre étaient-ils toujours le prix d’un travail assidu, d’un savoir éprouvé ? Les documents officiels ne nous renseignent guère sur ce point ; mais on sait que l’Université d’Avignon jouissait, aux xviie et xviiie siècles, d’une réputation d’indulgence contre laquelle elle protestait quelquefois, mais dont elle se consolait facilement en voyant tant de candidats venir de toutes les provinces du royaume solliciter ses suffrages[2]. Sans doute les certificats et les diplômes s’étendent complaisamment, en leur prolixité solennelle, sur les mérites constatés des postulants, sur la faconde avec laquelle celui-ci a exposé son sujet, sur la subtilité dont un autre a fait preuve dans la discussion, sur l’unanimité qu’un troisième a recueillie dans le

  1. Les registres de l’Université ne comprennent pas de rôle complet des maîtres ès arts pour les années 1674 à 1705. En 1694, le P. Barbat constate qu’il n’y a pas eu d’examen de maître ès arts depuis vingt ans. Mais on doit entendre seulement qu’il n’y avait pas eu d’examen public de ce genre à l’Université ; des thèses pour la maîtrise avaient été soutenues chez les Jésuites et chez les Prêcheurs. À partir de 1694, le nombre des candidats augmente sensiblement : il est de quatre par an de 1706 à 1721, époque où la peste vint interrompre les études ; il s’élève ensuite très rapidement et atteint pour l’ensemble du xviiie siècle, une moyenne de vingt à vingt-deux par an. A. V. D 140 à 154, passim.
  2. Ass. du Collège des docteurs du 26 juin 1682. Le primicier après avoir insisté sur l’urgence qu’il y a d’observer les nouveaux règlements dressés pour les Universités françaises, ajoute que « s’il n’y a pas tant de docteurs que par le passé, cela ne redondera pas au préjudice de l’Université et de la Faculté qui se trouve en quelque sorte avilie par la facilité d’avoir le degré. » A. V. D 31, fo 138.