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En dépit de ces faveurs, beaucoup d’écoliers, d’ailleurs capables d’étudier avec fruit, n’auraient pu s’entretenir à leurs frais pendant la durée de leurs études. C’est pour cette plèbe universitaire que furent fondés, dans certaines villes, des établissements hospitaliers, communément appelés collèges et où, sous l’autorité de chefs généralement élus par eux, un certain nombre d’écoliers allaient vivre d’une vie à demi monastique, partageant leurs journées entre d’interminables exercices religieux et les leçons plus brèves de leurs professeurs. De 1379 à 1500, Avignon vit naître sept de ces établissements, créés les uns par des Bénédictins de Cluny ou de Citeaux — tels les collèges de Saint-Martial et de Sénanque, — les autres par de hauts dignitaires ecclésiastiques ou même par des membres de l’Université, comme les collèges de Saint-Michel, du Roure, de la Croix et de Saint-Nicolas d’Annecy. Ce dernier, appelé aussi collège de Genève et doté par le cardinal Brogny, reçut vingt-quatre, puis trente-six étudiants et, en raison de son importance exceptionnelle, fut de bonne heure appelé le Grand-Collège[1].

  1. Ces collèges étaient les suivants : 1o Collège de Saint-Martial, fondé en 1378, par les Bénédictins de l’abbaye de Cluny, pour douze moines de cet ordre, étudiants en droit canon. Douze autres moines, mais revêtus de la prêtrise, devaient habiter aussi le monastère et y servir « in divinis ». (V. Fournier, 1260, 1262, 1263 et 1264.)

    2o Collège de Saint-Nicolas d’Annecy ou de Genève fondé, en 1424, par le cardinal Brogny, pour 24 étudiants en droit canon ou en droit civil, dont huit devaient être originaires du diocèse de Genève, huit de la Savoie et huit des provinces de Vienne et d’Arles. En 1481, le nombre de collégiats fut porté à 36 (V. Fournier, 1296, 1308, 1313, 1314 et 1386.)

    3o Collège de Saint-Michel, fondé en 1453, par Jean Isnard, docteur ès droits, ancien primicier de l’Université, pour six étudiants en droit civil ou en droit canon, dont deux prêtres. En 1486, ce collège s’accrut de deux étudiants. (Fournier, 1349, 1351, 1354, 1355, 1359, 1394.)

    4o Collège de Jujon ou de Dijon fondé, vers 1471, par les Bénédictins de l’abbaye de Montmajour pour dix étudiants en droit canon ou en théologie, moines de cette abbaye (Fournier, 1364). Il était situé rue des Trois Faucons (aujourd’hui propriété particulière).