Page:Joseph Marchand - L'Université d'Avignon aux XVIIe et XVIIIe siècles.djvu/20

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étudiants dans l’administration du studium. Par ce trait absolument caractéristique, cette Université se rapproche de l’Université de Paris et des filiales de celle-ci, et elle se distingue très nettement non seulement de l’Université de Bologne, dont on l’a parfois rapprochée, mais encore d’autres Universités créées dans la France méridionale, celles de Montpellier et d’Aix, par exemple, qui, dans les premiers temps du moins de leur existence, admirent les écoliers dans leurs conseils.

Les docteurs en droit formèrent toujours, à Avignon, l’élément de beaucoup le plus nombreux et le plus actif de la corporation universitaire ; ils en furent, dès le début, les chefs incontestés, et en gardèrent jusqu’au dernier jour la direction.

    reporter. Tout autant qu’on en peut juger par les documents qui nous sont parvenus, l’Université d’Avignon ne se développa que lentement, et plusieurs événements fâcheux, surtout la peste de 1360, vinrent dès le milieu du xive siècle, arrêter son essor. Le xv est pour elle une époque de prospérité relative. C’est le moment où, sans parler de la Faculté de théologie, créée en 1413, elle complète son organisation administrative et s’accroît par la fondation de collèges destinés aux étudiants pauvres. Cependant dès 1459, Pie II éprouva le besoin de la réorganiser ; il n’y réussit pas d’ailleurs et c’est seulement en 1503 que Julien de la Rovère donna à l’Université sa dernière charte réglementaire. Elle brillait d’un vif éclat à cette époque, où ses cours confiés à d’illustres professeurs réunissaient jusqu’à 800 élèves. Mais les guerres civiles et religieuses faillirent la ruiner ; elle ne se réorganisa qu’au xviie siècle. — Quant à la question de l’origine même de l’Université, elle a été très vivement débattue. Les uns ont voulu voir dans les Lettres patentes de Charles II, roi de Sicile et comte de Provence, et les autres dans la bulle de Boniface VIII, la véritable charte de l’Université. Le P. Denifle (Die Universitäten des Mittelalters bis 1400, Berlin, 1885, p. 357 à 362) et M. Fournier (ouvr. cité, p. 375) s’accordent à dater du 5 mai 1303 les lettres de Charles II qui seraient ainsi antérieures de deux mois à la bulle de Boniface VIII, laquelle est du 1er juillet 1303 ; mais tandis que le P. Denifle considère cependant le pape comme le véritable fondateur de l’Université, M. Fournier attribue ce rôle à Charles II. En réalité, ainsi que M. Duhamel l’a démontré, la date des lettres de Charles II doit être fixée au 5 mai 1304, rectification qui infirme absolument les conclusions de M. Fournier et confirme l’opinion du P. Denifle. (V. L. Duhamel, De l’origine de l’Université d’Avignon, dans les Mémoires de l’Académie de Vaucluse, année 1896, p. 4.)