Page:Joseph Marchand - L'Université d'Avignon aux XVIIe et XVIIIe siècles.djvu/285

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« d’acquérir et de posséder dans toute l’étendue du royaume, comté de Provence et pays du Dauphiné, tous bénéfices dont ils pourraient être pourvus et d’iceux bénéfices jouir, user, prendre, cueillir et percevoir les fonds, profits, revenus et émoluments par la forme et manière que tous les vrais natifs et originaires de nosdits royaume et pays, ayant été les habitants d’Avignon et du Comtat, ajoutait l’édit, continuellement tenus, estimés et réputés serviteurs de notre couronne, non moindres que nos propres et loyaux sujets et de même volonté, comme étant enclavés de toutes parties ès pays de notre obéissance[1] ? »

Les lettres patentes de Lyon, fort importantes au point de vue des relations civiles et commerciales du Comtat avec les provinces voisines, avaient été confirmées par tous les rois de France depuis Henri II jusqu’à Louis XIII ; mais s’appliquaient-elles vraiment aux gradués de l’Université d’Avignon, sujets du pape ou du roi ? Il n’était point téméraire de le prétendre ; mais on pouvait aussi le contester[2]. En tous cas, les guerres civiles et religieuses, qui, pendant plus d’un demi-siècle, désolèrent la Provence, le Dauphiné et les pays avoisinants, laissèrent la question en suspens ; elle n’était pas encore tranchée, quand Louis XIV monta sur le trône ; mais, à cette époque, on se préoccupait de la résoudre, sans nulle hâte, d’ailleurs. Trois ou quatre fois présentée au Conseil du roi, la requête de l’Université fut toujours abandonnée devant le mauvais vouloir des conseillers. Enfin, vers 1649, un docteur

  1. V. Rey, ouvr. cité, p. 24.
  2. En 1565, le roi Charles IX étant à Avignon, il lui fut adressé requête, au nom des docteurs agrégés, pour obtenir des nominations en cette Université, « attendu que tous ceux qui y viennent sont régnicoles tant de Dauphiné que de Provence ». En juin 1571, les docteurs agrégés envoient des lettres au légat de Bourbon à la cour de France pour obtenir des nominations aux bénéfices. A. V. D 36, fos 84 et 90.