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plus durable que celles de 1663 et de 1668 et entraîna dans l’organisation administrative et judiciaire de la province des changements plus sérieux. Les tribunaux pontificaux, notamment, disparurent[1]. L’Université y perdit ce qui faisait à la fois sa force, sa richesse et son orgueil : sa juridiction particulière, les revenus des greffes qu’elle possédait depuis si longtemps, la noblesse dont son primicier avait toujours joui[2]. Aussi ses plaintes, quoique respectueuses, furent-elles amères. On les entendit éclater en mainte assemblée et elles trouvèrent leur expression la plus significative dans ce fait qu’il n’y eut pas, en 1770, de candidat aux fonctions de primicier[3].

La restauration du pouvoir pontifical lui parut donc une véritable délivrance et dès qu’elle fut accomplie, elle revint à toutes les pratiques de l’ancien régime. Elle recouvra son ancienne indépendance et son statut particulier. Au surplus, le successeur de Louis XV se montrait plein de bonne grâce pour les Avignonais et de respect pour leurs privilèges. Dès le mois de mars 1775, des lettres patentes venaient confirmer les édits de 1650 et 1698[4]. On a déjà vu qu’au moment même où l’Uni-

  1. La réunion dura de 1768 à 1774. V. Charpenne, Histoire des réunions temporaires d’Avignon et du Comtat Venaissin à la France, t. II, p. 182, 287, etc. La réunion opérée en 1688 n’avait pas eu d’influence sensible sur le sort de l’Université.
  2. Les édits de mars 1769 avaient complètement transformé le régime judiciaire d’Avignon et du Comtat, supprimé les anciens tribunaux, organisé deux sénéchaussées, soumis l’Université au droit commun. Quant au revenu des greffes supprimés, il était remplacé, on l’a vu, par une rente de 1081 livres que le roi devait servir à l’Université ; mais les primiciers se plaignirent longtemps de ne pouvoir recouvrer les annuités qui étaient en retard. Aucune fonction ne conféra plus la noblesse, mesure qui atteignait directement le primicier et n’atteignait guère que lui. Le chef de l’Université perdait, en outre, son rang à l’Hôtel de Ville, par suite de l’élection d’un quatrième consul.
  3. Délib. du Collège des docteurs des 20 juin 1769, 17 juillet 1770, 20 mars et 16 mai 1774. A. V. D 35, fos 35, 40, 44, 76, 77.
  4. Lettres patentes de Louis XVI du mois de mars 1775. Laval, 74. Cf. Délib. du Collège des docteurs du 16 mai 1775. A. V. D 35, fo 85.