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En principe, les maîtres, étudiants et suppôts de l’Université ne contribuaient pas aux charges municipales. Ainsi le voulaient des privilèges souvent confirmés[1]. Ils étaient exempts de tout service militaire[2], même de la garde des portes de la ville[3], et ne payaient pas d’impôts : telle fut leur situation pendant des siècles. En fait néanmoins, le dernier de ces privilèges reçut de notables atténuations. L’exemption de la gabelle fut abonnée, en 1604[4], moyennant une rente de soixante-dix livres que la ville fit à l’Université ; en revanche, en abandonnant à la ville une rente de trente écus que celle-ci payait à l’Université, les docteurs s’exemptèrent pour eux et leurs familles, de la taxe établie sur le blé et la farine[5]. Ils payèrent toujours, semble-t-il, l’entrée du vin, depuis l’établissement de ce droit[6]. Enfin, plus d’une fois, l’Université contribua à des dépenses extraordinaires faites par la municipalité, mais ce fut comme corps, en vertu d’une délibération spéciale des docteurs : le droit des personnes fut maintenu. Ajoutons que l’écho de la nuit du 4 août retentit jusqu’au sein de l’Université : le 13 août 1789, sur la proposition du primicier, le Collège par un vote unanime renonça « pour donner le bon exemple » à la rente représentative des gabelles qui était la marque de ses privilèges financiers[7].

Dans un pays où les impôts ne furent jamais très lourds, les docteurs n’avaient pas de très fortes raisons de tenir à de pareils privilèges et ils pouvaient en faire assez allègrement

  1. Bulle de Jean XXIII du 8 sept. 1413 exemptant les docteurs licenciés et étudiants des tailles, gabelles et autres impositions (A. V. D 2 ; Laval, 21.)
  2. Délib. du Coll. des docteurs du 21 avril 1621. A. V. D 29, fo 75.
  3. A. V. D 33, fo 67.
  4. A. V. D 35, fo 343.
  5. A. V. D 29, fo 1.
  6. V. la délib. du Coll. des docteurs du 11 juill. 1721 relative à l’entretien d’une ligne de protection établie contre la peste. A. V. D 33, fo 57.
  7. Délib. du Coll. des docteurs. A. V. D 35, fo 343.