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ESTERHAZY


il désirait passer quelques jours ; il pouvait y aller dîner tous les soirs, en revenant du camp[1] ».

On peut croire qu’il était encore aux gages de Schwarzkoppen quand il se fit désigner, le 17 mai, pour suivre les exercices d’artillerie de Châlons et qu’il suivit, du 21 au 26, les manœuvres de printemps. Apparemment, le congé de Schlieffen le frappa à son retour. Le 31, il se rendit précipitamment à Paris, entre deux trains[2]. Mais tout le mois de juin, sauf la journée du 12 et celle du 23, il resta au régiment, et vraiment désemparé. C’est alors qu’il écrivit ses lettres à Rothschild, à Weil, au rabbin, qu’il appela les Juifs au secours.

Ici encore, on marche dans la nuit, sans autre torche que celle de la chronologie. Mais il n’en est pas de plus lumineuse, puisqu’elle montre la succession des faits, leur enchaînement logique.

En juillet encore, il reste à poste fixe dans sa garnison normande, ne vient que trois fois à Paris, le 6, le 18 et le 27. Puis, ce jour-là, il annonce qu’il va décidément au camp de Châlons et il y arrive le 3 août. Dans cette même quinzaine d’août, Schwarzkoppen part pour l’Allemagne[3] ; il va assister aux manœuvres

  1. Écho de Paris du 19 nov. 1897 ; Matin du 20 ; Cass., II, 111. Instr. Ravary, 7 déc. 1897 ; Procès Esterhazy, 231 ; etc.
  2. J’emprunte ces renseignements sur les mouvements d’Esterhazy pendant l’année 1894 à une étude très intéressante qui a été publiée dans le journal l’Aurore du 28 août 1899, sous la signature de M. Adolphe Tabaraut. L’auteur de l’article a eu à sa disposition plus de 600 lettres et dépêches d’Esterhazy, dont près de 400 pour 1894. Il a réussi à le suivre ainsi durant 305 jours sur 365. J’ai contrôlé plusieurs de ces indications par d’autres documents ou d’autres lettres. (Rapports du 74e de ligne (pour les manœuvres et écoles à feu), lettres à l’huissier Calé (Cass., I, 662), à Maurice Weil, Gaston Grenier, à l’un des associés d’une importante maison de coulisse, etc.)
  3. Renseignements inédits.