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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

Il ne batailla qu’avec plus d’entrain. Il conduisait, sous Berchény, cette légendaire cavalerie hongroise qui porta la terreur jusqu’aux murs de Vienne et faillit enlever l’Empereur lui-même[1]. Sans les hésitations de Louis XIV, qui arrêta Villars, l’Empire, pris entre deux feux, s’écroulait.

Quand l’insurrection fut vaincue et qu’il ne resta à la Hongrie, de toute cette équipée, après huit ans de combats, que la Marche de Rakoczy, le comte Antoine, qui avait suivi son chef dans la victoire, le suivit en exil, d’une fidélité obstinée et, d’ailleurs, forcée. Malgré les efforts des négociateurs français, l’Empereur avait refusé de comprendre l’amnistie des « mécontents » dans les conditions de paix[2].

Rakoczy, après s’être proposé pour roi de Pologne, se transporta à Versailles, où il fut reçu, avec ses magnats, en héros de roman. Les seigneurs magyars furent, pendant plusieurs mois, de toutes les fêtes ; « la petitesse des personnages à qui le hasard a fait faire grand bruit dans le monde » n’apparut, cette fois encore, qu’à Saint-Simon[3].

Esterhazy cherchait un établissement quand Rakoczy l’entraîna, avec Berchény, dans une dernière aventure. Sur le bruit que le Grand-Turc était de nouveau en guerre avec les Impériaux, ils s’offrirent à lui, mais pour trouver la paix en débarquant. Le Sultan les logea « dans un beau château sur la mer de Marmara[4] »

Le fils d’Antoine Ier, après la mort de son père, revint

  1. 1703. Mémoires de Sourches, V, 252 ; de Dangeau, XI, 77 ; etc.
  2. L’acte de 1715, qui prononça la confiscation des biens de Rakoczy, Berchény, Esterhazy et autres, coupables de lèse-majesté, fut enregistré par le Parlement ; il n’a jamais été rapporté.
  3. Mémoires (Édit. Chéruel), IV, 119.
  4. Ibid.