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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


ple de faim[1] » ; — « pour avoir attenté à la liberté, en faisant porter des mains criminelles sur quatre citoyens innocents et vertueux » de Marienbourg qui avaient été emprisonnés[2].

Esterhazy allait être décrété d’arrestation quand Henry, lieutenant-prévôt de la maréchaussée d’Avesnes, le sauva en revendiquant la responsabilité de l’affaire de Marienbourg[3]. « L’Assemblée, dit un pamphlet du temps[4], se repentira de l’avoir pardonné. »

Enfin, quelques jours avant la fuite de Varennes, il partit pour Coblentz[5].

La branche légitime des Esterhazy français finit avec lui. Chargé d’une mission des princes auprès de l’Impératrice de Russie, il fut reçu par Catherine avec de grandes marques d’estime, obtint des subsides, mais ne put décider le comte d’Artois à l’action[6]. De dé-

  1. Les Révolutions de Paris, n° 11, du 19 au 26 septembre 1789, 47. — Lettre de Quatrefages de la Roquette, député de la sénéchaussée de Nîmes, du 8 septembre 1789, à des amis du Vigan (Intermédiaire des chercheurs, n° 926).
  2. Gazette nationale (Moniteur Universel) n° 45. — Séance du 21 août 1789. — Rapport de Gossuin et Ponchin, députés du bailliage du Quesnoy (27 août).
  3. Lettre du 29 août 1789 : « Je suis désespéré, écrit Henry à Esterhazy, que vous soyez inculpé dans une affaire à laquelle vous n’avez nulle part. Je le déclare sur ma conscience et mon honneur, à la face de la nation et de l’univers : c’est sur la plainte seule des officiers municipaux de Marienbourg, adressée à MM. les députés ordinaires à Valenciennes… etc. »
  4. Alphabet de la Cour, 6.
  5. Mémoires, IV, 51 (8 juin 1791).
  6. Il avait fait venir le comte d’Artois à Saint-Pétersbourg : Catherine donna un million au prince, lui en promit quatre et lui remit une épée magnifique : « Je ne vous la donnerais pas, lui dit-elle, si je n’étais sûre que vous péririez plutôt que de différer à vous en servir. » Artois répondit : « Je prie Votre Majesté de n’en pas douter. » Le comte de Vauban dit à Esterhazy : « Il a reçu cette épée comme un homme qui ne s’en servira pas. » (Vauban, Mémoires, 16.)