Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1903, Tome 2.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
207
LE PETIT BLEU

Mais Picquart refusa de se charger de cette police militaire dont il ignorait le mécanisme et qui lui inspirait quelque répugnance[1]. Pourtant, il accepta d’entrer comme sous-chef au troisième bureau (opérations militaires et instruction générale de l’armée). Boisdeffre, en le nommant, lui dit encore de se préparer à prendre la succession prochaine de Sandherr[2]. Picquart de nouveau protesta.

III

L’an d’après, Picquart, comme on l’a vu, fut mêlé à plusieurs incidents de l’affaire Dreyfus. Il avait eu Dreyfus comme élève à l’École de guerre, où il le nota médiocrement[3], puis, sous ses ordres, au troisième bureau, où il l’employait encore en septembre. Il n’avait point de goût pour lui[4], parce que l’amitié ne

  1. Rennes, I, 373, Picquart.
  2. Ibid., I, 521, Boisdeffre : « J’avais, dès ce moment, la pensée que Picquart devait être le successeur désigné de Sandherr. » Boisdeffre ajoute qu’il ne prit Picquart à l’État-Major « qu’avec une certaine hésitation », parce qu’il lui avait fait mauvaise impression aux manœuvres de 1892, mais que, par la suite, « il fit la meilleure impression par son zèle et son dévouement, ce qui effaça la première ». — La nomination de Picquart est du 13 décembre 1893.
  3. Rennes, I, 372, Picquart : « La partie qui était ma spécialité (topographie) n’était pas une des plus fortes de Dreyfus. » — Instr. Tavernier, 12 nov. 1898 : « Les notes que je lui ai données, à la suite d’un voyage d’État-Major près de Sedan, n’étaient pas extrêmement favorables. »
  4. Instr. Tavernier : « Il m’était peu sympathique et je n’ai pas agi à son égard comme à celui de quelques officiers de choix avec lesquels je parlais un peu plus qu’avec leurs camarades. »