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LE PETIT BLEU


XVII

Les deux compères, avec les deux agents, partirent pour Bâle, le 5 août, par le train du soir[1]. Ils y arrivèrent le 6, au matin ; les officiers descendirent dans un hôtel[2] ; Tomps se posta à la gare pour guetter Cuers et voir s’il n’était pas accompagné[3] ; Vuillecard prit sa faction sur la place du Munster, avec un mouchoir à la main[4] ; c’était le signal convenu. Peu après débarqua Cuers, que Tomps, qui le connaissait de vue pour avoir travaillé avec Lajoux, suivit sans remarquer rien de suspect. D’ordinaire, les espions qui viennent en provocateurs sont escortés d’autres espions, qui les surveillent et, au besoin, les photographient[5]. Cuers aborda Vuillecard : « Est-ce vous, lui dit-il en français, qui êtes monsieur Lescure ? — Non, reprit l’inspecteur qui ne savait pas un mot d’allemand[6], mais je suis chargé de vous conduire auprès de lui. — Lescure, observa Cuers, je connais cela : c’est le nom d’un concierge de la rue Saint-Dominique (du ministère de la Guerre), mort depuis dix ans[7]. »

L’inspecteur conduisit Cuers auprès de Lauth, qui

    ment, mais qu’il parle avec beaucoup de peine, je me trouvais obligé de discuter en allemand et de traduire questions et réponses pour qu’Henry fût au courant. »

  1. Instr. Fabre, 172, Lauth.
  2. Au Schweizerhof.
  3. Rennes, III, 362, Tomps.
  4. Cass., I, 768, Tomps ; Rennes, I, 623, Lauth.
  5. Rennes, III, 362, Tomps.
  6. Cass., I, 768, Tomps. — Lauth : « On lui avait envoyé un inspecteur qui savait parler un peu l’allemand. » (Rennes, I, 623.)
  7. Rennes, III, 362, Tomps. — Dans une autre occasion, Gribelin lui-même prit ce nom de Lescure. (Cass., I, 766, Tomps.)


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