Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1903, Tome 2.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
ESTERHAZY


ce sont les Esterhazy de la branche légitime : les contrôles de tous les régiments autrichiens ont été vérifiés[1] ; le nom de Walsin n’y figure pas[2].

Ce qu’on peut retenir de son récit, c’est qu’il a intérêt à cacher ce que fut sa vie, de dix-neuf ans à vingt-deux[3], et qu’il passa alors quelque temps en Allemagne. Il s’y perfectionna dans l’usage de la langue qu’il avait apprise sommairement, au lycée, avec le bon « monsieur Charles ».

On ne le retrouve avec certitude qu’en 1869, à la légion d’Antibes. La dévotion au vicaire du Christ ne l’y avait pas conduit ; il ne croyait ni a au dieu des armées[4] », ni à aucun autre. Mais il était sans ressources, et sans courage pour en chercher d’honnêtes dans la vie civile.

Esterhazy débuta à Rome, comme il fera toujours, par jeter force poudre aux yeux des gens. Le premier

    lans. Même Annuaire, 420.) — Les deux mêmes noms à l’Annuaire de 1866 (107 et 418). — l’Annuaire de 1867 ne mentionne plus le comte Alexandre Esterhazy, mort, sans doute, en 1866. Le prince Aloïs y figure toujours, au 6e régiment de hulans (466). Au 12e régiment de hussards, Georges, comte Esterhazy, sous-lieutenant (454).

  1. Ces recherches furent ordonnées par l’Empereur d’Autriche, en 1897, quand Esterhazy, dénoncé par Mathieu Dreyfus, prétendit avoir servi dans l’armée autrichienne. Le rapport du ministre de la Guerre (n° 11923) est daté du 26 décembre 1897.
  2. Selon une autre de ses versions, Esterhazy aurait été, non pas officier, mais cornette, en 1866, au 13e régiment de hulans, dits « Hulans de Trani », prince des Deux-Siciles, sous les ordres du colonel Pulz. Les recherches faites dans les contrôles de ce régiment ont porté sur les années 1860 à 1869.
  3. 1866-1869.
  4. Christian Esterhazy, Mémoire au procureur de la République, 48, lettre d’Esterhazy. — Cependant la première fois où il vit le Pape (Pie IX), il fut ému et se dit à lui-même : « Voilà le bon Dieu et, toi, tu n’es qu’un sale cochon. » (Récit fait à un journaliste, Charles Roche.)