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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


le journal a reproduit les principaux arguments de Teyssonnières pour attribuer le bordereau à Dreyfus. Mais cette expertise amènera des contre-expertises. Qu’en sortira-t-il[1] ? Et Henry sait que l’écriture d’Esterhazy traîne partout[2] !

X

Esterhazy, la veille, était rentré à Paris de son château de Dommartin.

Son séjour à la campagne avait été pénible, dans l’angoisse des événements, sous l’obsession de ses crimes. Lui-même, dans une lettre à Weil[3], il se compare, par un aveu qui lui échappe, « à un animal traqué par les chiens[4] ». Ses nuits sont « affreuses ». Il

    duit également en fac-similé, et non en caractères d’imprimerie, le texte exact de la dictée de Du Paty à Dreyfus d’où aurait résulté : 1° que l’écriture de la dictée est très dissemblable de celle du bordereau ; 2° qu’il n’y a aucune altération sensible dans le texte de la dictée, malgré l’interruption brutale de Du Paty et contrairement à la légende courante.

  1. Bertillon se préoccupa de l’incident ; il était le cousin d’un député radical, Hubbard, à qui il demanda rendez-vous, le 15 novembre, pour lui expliquer que le bordereau était de Dreyfus. (Procès Zola, I, 438.) C’était quatre jours avant l’interpellation Castelin. — D’autres démarches furent faites.
  2. Rennes, I, 453, Picquart : « L’émotion a été très grande parce que la publication d’une pièce semblable mettait en circulation l’écriture du bordereau et permettait aux personnes qui connaissaient l’écriture d’Esterhazy de faire immédiatement la comparaison… etc. »
  3. Du 6 novembre 1896. La lettre fut interceptée ; elle figure au dossier Tavernier. — La copie est de la main de Gribelin qui en a déposé. (Instr. Fabre, 22.)
  4. « Je reçois votre lettre, mon bon ami, après une nuit affreuse et au moment où tout courage venait de m’abandonner ; je suis absolument comme un pauvre animal traqué par les chiens. »