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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

Au surplus, à toute cette affaire qui redevient menaçante, il s’intéresse seulement pour le bien du service, car il ne connaît pas Esterhazy — ou si peu[1].

III

Le jour même de l’entrevue de Bertin avec Scheurer, Gonse convoqua Du Paty à un premier conciliabule auquel assistèrent Henry et Lauth[2].

Du Paty, sous-chef du troisième bureau, n’avait avec Henry que des rapports de service, peu fréquents d’ail-

  1. Billot, Boisdeffre et Gonse savaient qu’Henry avait travaillé avec Esterhazy, en 1877, au bureau des Renseignements. D’autres l’ignoraient (ou ce sont de faux témoins). Ainsi Roget : « D’après tout ce que je sais, je suis porté à croire, d’une façon très ferme, qu’Henry et Esterhazy ne se connaissaient pas… Henry n’a eu aucun rapport avec Esterhazy pendant la durée du procès ; il n’a été en rapport avec lui que postérieurement au procès Zola. » (Cass., I, 99.) — « Gonse, écrit Esterhazy, a essayé de dire qu’Henry m’avait à peine connu ; Roget, croyant que sa déposition ne serait jamais rendue publique, a été jusqu’à dire qu’Henry ne me connaissait pas. Or, j’ai vécu dans le même bureau qu’Henry… etc. » (Dép. à Londres, 1er mars 1900). De même, Cass., I, 580.
  2. Cass., I, 558, Boisdeffre ; H, 197, Gonse ; I, 423, Lauth ; I, 444 ; II, 190, 200 ; Instr. Tavernier, 6 juin 1899, Du Paty : « Le général Gonse me fit chercher au bureau des opérations militaires. » Du Paty fixe cette première réunion au 16 octobre ; il avait précédemment donné la date du 23, mais il explique qu’il y eut plusieurs réunions du même genre, d’où son erreur. Depuis, il a consulté les notes qu’il a prises pendant toute cette période et qu’il a mises en lieu sûr. Il se réserve de les produire devant ses juges, Instr. Tavernier, 7 juin.) — Gonse dit à Rennes (II, 158) qu’il prévint Du Paty, « le 15, le 16 ou le 17 » : « Je lui dis qu’il allait venir avec moi, et je le pris quelques jours après. »