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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

XII

Cet entretien entre Scheurer et Leblois eut lieu à l’heure même où Esterhazy se rencontrait à Montsouris avec Du Paty. Le justicier avait déjà perdu l’offensive.

D’une grande bonté, il n’en voulut pas à l’avocat, s’avouant que, presque tout ce qu’il avait appris de lui, il le lui avait extorqué[1]. Et il continuait à avoir confiance dans l’autorité de sa propre parole, dès qu’il aura révélé la vérité aux républicains qui sont au pouvoir.

Il écrivit donc à Lucie Faure, la priant de lui ménager un entretien avec son père : « Le plus tôt sera le mieux, car la maison commence à brûler ».

Le lendemain[2], il chassa avec le Président, qui ne lui dit rien du billet qu’avait reçu sa fille. D’autre part, Billot s’impatientait. Déjà, il avait fait prier Scheurer de venir le voir, était passé chez lui. Le soir, il eut la lettre d’Esterhazy demandant audience, mais rien de Scheurer. Il le pria à déjeuner pour le jour suivant[3]. Il signa : « Ton vieil ami, Dumanet ». Scheurer déclina l’invitation, car il voulait, d’abord, entretenir le Président de la République ; il répondit : « Je te préviendrai dès que cela sera possible ; mais il ne faudra pas faire le malin avec moi. »

Deux jours se passèrent sans que Scheurer reçût de

  1. Mémoires de Scheurer.
  2. 24 octobre 1897.
  3. 25 octobre.