Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1903, Tome 2.djvu/709

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
699
APPENDICE


à Henry d’avouer qu’il a enfreint la consigne ? Qui lui reprocherait d’avoir violé la consigne d’un faussaire ?

Par malheur, le petit bleu est authentique,

Picquart, à l’instruction Tavernier, ne dit pas qu’il a « toujours » examiné lui-même les cinq ou six cornets que la ramasseuse apportait une ou deux fois par mois ; très exact et très véridique, il dit seulement « qu’il les examina souvent lui-même, notamment pendant les absences d’Henry ; qu’il les distribuait au fur et à mesure à Lauth, qui les reconstituait ; et qu’il resta parfois à son bureau au delà de l’heure habituelle, pour les attendre » (28 septembre 1898).

Il est nécessaire d’observer pour ne pas se méprendre sur la portée exacte de cette déposition, qu’Henry, pendant les neuf premiers mois de la direction de Picquart, fut seul à recevoir les cornets et qu’il s’était arrangé pour ne les recevoir que de nuit. (Enquête Pellieux, Lauth.) Plus tard, d’avril à novembre 1896, quand la ramasseuse fut également en rapports avec Lauth, il était indifférent à Henry que les cornets fussent ou non examinés en premier lieu par Picquart, puisqu’Esterhazy, depuis la découverte du petit bleu, avait cessé tous rapports avec Schwarzkoppen.

En fait, comme Picquart avait pleine et entière confiance en Henry, il le chargeait de l’examen des cornets, quand il n’y procédait pas lui-même. Henry n’en prenait pas moins ses précautions ; les paquets que Picquart lui donnait à dépouiller, il les connaissait déjà, de la veille. Une seule fois, il n’attendit pas la tombée de la nuit pour se rencontrer avec la Bastian, procéda à une instruction trop sommaire ; et, ce jour-là, le petit bleu était dans le cornet !

II

boisdeffre et picquart

C’est Boisdeffre lui-même qui dément que Picquart ait pu dire, le 5 août 1896, à Lauth et à Junck : « C’est trop fort ;