magistrat ; et, comme Bertulus préférait qu’il lui adressât une lettre par la poste, il la lui envoya le soir même[1]. Ce fut tout ; le juge, qui suivait son plan, ne lui demanda pas d’autre explication, ne le convoqua pas d’un grand mois à son cabinet[2] ; il avait dit à Gonse qu’« ami de l’armée, il voulait circonscrire cette affaire[3] ». Quelqu’un, — sans doute Henry, revenu de son erreur, — avait engagé Gonse « à se méfier de Bertulus » ; mais le général dédaigna ce sage avis[4].
Presque seul, dès le début de la crise. Du Paty avait parlé de Picquart avec sympathie, et cela non seulement à Bertulus, mais à ses chefs[5]. Maintenant, il avait le cœur gros de haine contre lui et ses amis, qui l’accusaient d’avoir fabriqué des faux et qui avaient divulgué les tristesses de son passé[6].
Embourbé dans une telle honte, rien ne le soutenait, à défaut de sa conscience, que sa confiance introublée dans les chefs ; ils savaient, l’y ayant poussé, qu’il était venu au secours d’Esterhazy et ils avaient approuvé sa conduite. Récemment, pour lui fermer plus sûrement la bouche, Boisdeffre lui avait dit : « Moi vivant, vous ne serez jamais sacrifié[7].
D’autre part, des lueurs s’étaient faites dans ce bi-
- ↑ Cass., I, 449 : II, 37, Du Paty. — Bertulus (I, 222) dit seulement qu’il entendit Du Paty, mais ne précise pas que ce fut à son domicile particulier : il m’a, d’autre part, confirmé le fait. — Gonse dit que Du Paty lui reprocha de lavoir envoyé chez Bertulus. « en dehors de son cabinet ». (Cass., II, 25.)
- ↑ Ibid., II, 268. Bertulus.
- ↑ Ibid., II, 25 Gonse.
- ↑ Ibid., I, 571, Gonse.
- ↑ Ibid., I, 213, Picquart : I, 231, Bertulus. — Roget et Cuignet, parlant d’après Henry, disent que Picquart et Du Paty étaient des ennemis mortels. (Cass., I, 103. 346, etc.)
- ↑ Procès Zola, I, 102, Leblois.
- ↑ Cass., (Chambres réunies), II, 35, Du Paty.