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L’ENQUÊTE


ne comprendra pas et n’admirera pas, se taxera lui-même d’ignorance et de sottise, ennemi de l’armée et de la France. Mais, à cette date du 20 octobre 1894, les esprits avaient gardé encore quelque pudeur. Mercier jugeant « que la vérification n’était ni complète ni décisive[1] », demanda à son collègue Guérin de lui désigner trois experts judiciaires[2].

Toutefois, Bertillon reçut des remerciements. Sa démence même en faisait un auxiliaire précieux. Il fut prié de continuer son concours, de poursuivre ses recherches, surtout de se tenir à la disposition des experts judiciaires. « Pour faciliter, dit Mercier[3], leurs recherches par des épures et des agrandissements photographiques. » En fait, pour chercher à peser sur eux[4].

XII

Le préfet de police, invité par le garde des Sceaux à désigner les trois experts, suivit l’ordre du tableau. Gobert était forclos, ayant fourni un premier rapport. Le préfet désigna Charavay, Eugène Pelletier et Teyssonnières qu’il convoqua pour le lendemain dans son cabinet. Tous trois acceptèrent la mission et prêtèrent serment[5].

Teyssonnières, ancien conducteur des Ponts et Chaus-

  1. Rennes, I, 90 ; Cass., I, 6, Mercier.
  2. Guérin, par erreur, dit quatre (Cass., I, 289).
  3. Rennes, I, 90, Mercier.
  4. Mercier : « Bertillon aussi restait expert. » Il ne l’avait jamais été.
  5. 21 octobre.