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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


Du Paty arriva, envoyé par Boisdeffre, pour connaître le résultat de la visite. On causa. De nouveau, il recommanda expressément le silence. Le secret avait été gardé jusque là scrupuleusement, bien que de nombreux officiers et agents fussent déjà au courant. Le secret s’imposait plus que jamais.

Le même soir, Papillaud, rédacteur à la Libre Parole, reçut, au bureau du journal, la lettre suivante :

Mon cher ami,

Je vous l’avais bien dit. C’est le capitaine Dreyfus, celui qui habite 6, avenue du Trocadéro, qui a été arrêté le 15 (octobre) pour espionnage, et qui est en prison au Cherche-Midi.

On dit qu’il est en voyage, mais c’est un mensonge parce qu’on veut étouffer l’affaire. Tout Israël est en mouvement.

À vous,
Henry.

Faites compléter ma petite enquête au plus vite.

« Israël », ignorant de tout, n’avait pas bougé. Mais il était vrai que Mercier songeait à ne pas commettre un crime.