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LA CHUTE DE MERCIER


pressa de le lui assurer par téléphone.

La partie était gagnée. Le lendemain, 7 janvier, Dupuy, après s’en être entretenu avec Casimir-Perier, proposa à Munster la note suivante, qui serait publiée par l’Agence Havas :

« À la suite de la condamnation de l’ex-capitaine Dreyfus par le conseil de guerre, certains journaux continuant à mettre en cause[1] les ambassades étrangères à Paris, nous sommes autorisés, pour empêcher l’opinion de s’égarer, à rappeler la note communiquée à cet égard dès le 30 novembre 1894. »

Ce projet, télégraphié à Berlin, fut accepté le lendemain. Le 9, Munster vint l’annoncer lui-même à Casimir-Perier, et dit que l’incident devait être considéré comme clos. La note parut dans les journaux du soir[2]. Tout était réglé quand Hanotaux rentra à Paris.

Victoire nouvelle de la paix, non de la vérité. Rien n’était changé ; il n’y avait qu’une note de plus. L’empereur Guillaume, s’il accepta l’explication diplomatique du Gouvernement français, continua à affirmer que Dreyfus n’avait eu de rapports avec aucun agent allemand, s’irrita du mystère et n’approuva l’attitude de son ambassadeur qu’après avoir reçu ses explications verbales[3] ; mais il pensait avoir fait son devoir, ayant

  1. Au lieu du mot « impliquer » de la dépêche allemande. Il fut considéré que le sens était le même, et que la formule était plus diplomatique.
  2. Temps du 9 janvier, portant la date du lendemain, 10 ; Liberté, Débats, etc… et les journaux du lendemain.
  3. C’est ce qui résulte d’une lettre de Munster à Schwarzkoppen, écrite de Berlin le 17 janvier 1895, et qui fut interceptée par le bureau des renseignements : « En ce qui concerne Dreyfus, on est tranquillisé ; on finit tout de même par trouver que j’ai bien agi. Ce qui dernièrement a pu mettre l’Empereur