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APPENDICE


sous ses yeux, dans son cabinet, en présence de Boisdeffre, par Sandherr qui lui communiqua toutes les pièces et le commentaire[1].

Ainsi, il est certain que le pli a été fait dans le cabinet de Mercier par Mercier lui-même, ou, sous ses yeux, par Sandherr, et dès lors qu’aucune substitution de pièces n’a pu avoir lieu postérieurement à la clôture du pli cacheté.

5° La preuve que Freystætter dit vrai, c’est le détail qu’il donne au sujet de l’obus à la mélinite dont la notice attribuait la trahison à Dreyfus.

Mercier conteste le fait, mais comment ? En faisant dire à Freystætter ce qu’il n’a pas dit, à savoir qu’il s’agissait de l’obus Robin, trahison qui fut découverte postérieurement[2].

Or, Mercier avoue, une minute après, qu’il s’était, en 1894, occupé de faire rechercher une pièce qui était relative à la trahison de l’obus à la mélinite et qui n’aurait pas été trouvée à la direction de l’artillerie[3]. Recherche également avouée par Gonse, qui dit que ce fut Henry qui rapporta la réponse négative de la direction de l’artillerie.

On passa outre à l’absence de la pièce ; on porta l’accusation. Et Du Paty dit formellement, ce qui est confirmé par Picquart, que son commentaire ne mentionnait pas l’affaire de l’obus à la mélinite.

Comment Freystætter eût-il imaginé ce fait, avec cette coïncidence extraordinaire que Mercier, de son propre aveu, s’était occupé à attribuer cette trahison à Dreyfus ?

6° Enfin, Mercier, se coupant, démontre péremptoirement que les pièces qui ont été commentées par Du Paty ne sont pas toutes celles qui ont été communiquées au conseil. À une demande de Demange, il répond ainsi : « Vous aviez d’abord le télégramme ; vous aviez ensuite le commentaire qui préparait la réponse au télégramme ; vous aviez la

  1. Rennes, III, 533, Mercier.
  2. Ibid., II, 402.
  3. Ibid., 403.


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