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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


à ce commentaire pour qu’elles fussent réparties dans les différents cartons d’où elles venaient, car le dossier secret a été disloqué à ce moment-là et le commentaire seul a été détruit[1]. » Même déposition précédemment[2] : « J’ai rendu ces six ou huit pièces au colonel Sandherr. Ces six ou huit pièces appartenaient à des dossiers différents, étaient dans des armoires différentes. On les a remises dans ces armoires et le commentaire a été détruit. »

Sur la date de cette destruction, Mercier se contredit. À Rennes, le 14 août 1899, il indique nettement, une première fois[3], que cette destruction est contemporaine du retour des pièces, qui eut lieu le soir même du jugement, — donc, le même soir ou le lendemain : « J’ai détruit le commentaire, parce qu’il ne pouvait figurer au dossier judiciaire, lequel était entre les mains de la justice militaire, lorsque le commentaire m’est revenu avec les six ou huit pièces qu’il contenait. »

Demange insiste : « Comment le général Mercier, qui a été ministre de la Guerre, peut-il considérer qu’une pièce qu’il a fait communiquer au conseil de guerre, secrètement, c’est vrai, mais dont le conseil de guerre a dû faire état dans sa délibération, comment peut-il considérer qu’une pièce semblable soit une propriété personnelle, c’est-à-dire la propriété d’un particulier ? »

Alors Mercier : « Le conseil de guerre, à ce moment, avait terminé sa mission, le conseil de revision avait terminé sa mission. Quant à la loi de revision de 1895, elle n’était pas votée. Il n’y avait, par conséquent, plus de suites judiciaires à donner au procès de 1894. Toutes les pièces ont été dispersées, remises en place, et le commentaire qui n’avait plus de place particulière a été détruit. » — Après le rejet du pourvoi de Dreyfus, le dossier n’était plus entre les mains de la justice militaire ; il était revenu au ministère de la Guerre.

  1. Rennes, II, 221, Mercier.
  2. Ibid., I, 162.
  3. Ibid.