Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/103

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On dira que je parle avec subtilité. C’est quelquefois le seul moyen de pénétration que l’esprit ait en son pouvoir, soit par la nature de la vérité où il veut atteindre, soit par celle des opinions ou des ignorances au travers desquelles il est réduit à s’ouvrir péniblement une issue.

J’aime à voir deux vérités à la fois. Toute bonne comparaison donne à l’esprit cet avantage.

J’ai toujours une image à rendre, une image et une pensée, deux choses pour une et double travail pour moi.

Ce n’est pas ma phrase que je polis, mais mon idée. Je m’arrête jusqu’à ce que la goutte de lumière dont j’ai besoin soit formée et tombe de ma plume.

Je voudrais monnayer la sagesse, c’est-à-dire la frapper en maximes, en proverbes, en sentences faciles à retenir et à transmettre. Que ne puis-je décrier et bannir du langage des hommes, comme une monnaie altérée, les mots dont ils abusent et qui les trompent !