Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/139

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La bible est aux religions ce que l’iliade est à la poésie.

Il faut tout le loisir du désœuvrement, du temps à perdre et de l’étude, pour goûter les beautés d’Homère, et pour l’entendre, il faut rêver. Il ne faut qu’un moment, je ne dis pas d’attention, mais d’écoutement, pour comprendre et recevoir en soi les beautés de la bible, beautés qui s’étendent ou se resserrent, en quelque manière, selon la diverse disposition et la capacité diverse des esprits ; en sorte qu’elles entrent dans les plus petits, et remplissent les plus grands tout entiers, et que l’intelligence du même homme, selon qu’elle est elle-même mieux ou moins bien disposée, en reçoit une plénitude dès qu’elle leur ouvre un accès.

La bible apprend le bien et le mal ; l’évangile, au contraire, semble écrit pour les prédestinés ; c’est le livre de l’innocence. La première est faite pour la terre, l’autre semble