Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/141

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« tous " ; voilà des vérités où il y a de la clarté, de la douceur, de la sérénité, de la lumière. Rappelons et confirmons la règle : 1) il y a beaucoup d’oppositions et même d’apparentes contradictions dans l’écriture et dans les doctrines de l’église, dont cependant aucune n’est fausse ; 2) Dieu les y a mises ou permises, pour tenir, par l’embarras et l’incertitude, dans la crainte et le mérite de la foi. Il faut tempérer ce qui effraie la raison par ce qui la rassure, ce qui est austère par ce qui console. Les jansénistes troublent la sérénité, et n’illuminent pas le trouble. On ne doit cependant pas les condamner pour ce qu’ils disent, car cela est vrai, mais pour ce qu’ils taisent, car cela est vrai aussi, et même plus vrai, c’est-à-dire d’une vérité plus facile à saisir, et plus complète dans son cercle et dans tous ses points. La théologie, quand ils nous l’exposent, n’a que la moitié de son disque, et leur morale ne regarde Dieu que d’un œil.

Les jansénistes ont porté dans la religion plus d’esprit de réflexion et plus d’approfondissement que les jésuites, ils se lient davantage de ses liens sacrés. Il y a dans leurs pensées