Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/143

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uns ; observer la règle à tout prix, était la devise des autres. La première de ces maximes, il est bon de la dire aux hommes : elle ne peut les égarer. La deuxième, on doit quelquefois la pratiquer, mais il ne faut la conseiller jamais. Les gens de bien très-éprouvés sont les seuls qui n’en puissent pas abuser.

Le janséniste attend la grâce de Dieu, comme le quiétiste sa présence ; le premier attend avec crainte, et le second avec langueur ; l’un se soumet, l’autre se résigne, très-inégalement passifs, mais également fatalistes.

Les jansénistes font de la grâce une espèce de quatrième personne de la sainte trinité ; ils sont, sans le croire et sans le vouloir, quaternitaux. saint Paul et saint Augustin, trop étudiés, ou étudiés uniquement, ont tout perdu, si on ose le dire. Au lieu de grâce, dites aide, secours, influence divine, céleste rosée : on s’entend alors. Ce mot est comme un talisman dont on peut briser le prestige et le maléfice en le traduisant ; on en dissout le danger par l’analyse. Personnifier les mots est un mal funeste en théologie.