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TITRE II

LES CHAPITRES.


I.

Dieu est Dieu ; le monde est un lieu ; la matière est une apparence ; le corps est le moule de l’âme ; la vie est un commencement.

Tous les êtres viennent de peu, et peu s’en faut qu’ils ne viennent de rien. Un chêne naît d’un gland, un homme d’une goutte d’eau. Et dans ce gland, dans cette goutte d’eau, combien de superfluités ! Tout germe n’occupe qu’un point. Le trop contient l’assez ; il en est le lieu nécessaire et l’aliment indispensable, au moins dans ses commencements. Nul ne doit le souffrir en soi ; mais il faut l’aimer dans le monde ; car il n’y aurait nulle part assez de rien, s’il n’y avait pas toujours un peu de trop de chaque chose en quelque lieu.