Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

corde qui lance d’elle-même la flèche qu’on y a ajustée. La parole, en effet, est une flèche qu’on décoche.

L’âme est une vapeur allumée qui brûle sans se consumer ; notre corps en est le falot. Sa flamme n’est pas seulement lumière, mais sentiment.

L’âme est aux yeux ce que la vue est au toucher ; elle saisit ce qui échappe à tous les sens. Comme, dans l’art, ce qu’il y a de plus beau est hors des règles, de même, dans la connaissance, ce qu’il y a de plus haut et de plus vrai est hors de l’expérience.

Les sens sont des lieux où l’âme a des plaisirs et des douleurs. Par la mort, par l’âge et souvent par la maladie, ces lieux sont détruits. Par le recueillement, la prière et l’austérité religieuse ou philosophique, l’âme en est absente.

Il est des âmes qui non-seulement n’ont pas