Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour leur âge et pour leur santé, et elles les tourmentent.

Les uns se déclament leurs pensées, d’autres se les récitent, et d’autres se les chantent.

Quelques-uns ne font que se les raconter, se les lire ou se les parler.

La raison est abeille, et l’on n’exige d’elle que son produit ; son utilité lui tient lieu de beauté.

Mais l’esprit n’est qu’un papillon, et un esprit sans agrément est comme un papillon sans couleurs : il ne cause aucun plaisir.

On n’est jamais médiocre quand on a beaucoup de bon sens et beaucoup de bons sentiments.

Il y a des esprits creux et sonores, où les pensées retentissent comme dans un instrument.

Il en est d’autres dont la solidité est plane, et où la pensée la plus harmonieuse ne produit que l’effet d’un coup de marteau.