Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/182

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plus grand que ses propres pensées, et, pour cela, qu’il leur donne une forme ployante, aisée à resserrer, à étendre, propre enfin à en maintenir la flexibilité naturelle. Tous ces esprits à vues courtes voient clair dans leurs petites idées, et ne voient rien dans celles d’autrui.

Esprits de nuit et de ténèbres, ils sont semblables à ces mauvais yeux qui voient de près ce qui est obscur, et qui, de loin, ne peuvent rien apercevoir de ce qui est clair.

Il y a des esprits fatigués, qui vont l’amble et le traquenard ; mais leur allure ne déplaît pas à tous les goûts.

On se luxe l’esprit comme le corps.

Il y a des esprits machines qui digèrent ce qu’ils apprennent comme le canard de Vaucanson digérait les aliments : digestion mécanique et qui ne nourrit pas.

L’élévation d’esprit se plaît aux généralités ;