Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

On n’est bon que par la pitié. Il faut donc qu’il y ait quelque pitié dans tous nos sentiments, même dans notre indignation, dans nos haines pour les méchants. Mais faut-il qu’il y en ait aussi dans notre amour pour Dieu ? Oui, de la pitié pour nous, comme il y en a toujours dans la reconnaissance. Ainsi tous nos sentiments sont empreints de quelque pitié pour nous ou pour les autres. L’amour que nous portent les anges n’est lui-même qu’une pitié continuelle, une éternelle compassion.

Chacun est compatissant aux maux qu’il craint.

Si l’on n’y prend garde, on est porté à condamner les malheureux.

Il faut encore plus exercer les hommes à plaindre le malheur qu’à le souffrir.

N’ayez pas l’esprit plus difficile que le goût, et le jugement plus sévère que la conscience.