Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/226

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L’oisif studieux sait qu’il vieillit, mais le sent peu ; il est toujours également propre à ses études.

La lenteur de l’âge rend facile la patience dans le travail.

Avec l’âge, il se fait comme une exfoliation dans la partie morale et intellectuelle du cerveau ; l’esprit se décrépit ; les notions et les opinions se détachent, comme par couches, de la substance médullaire ; et les premières impressions, qui y sont plus intimement unies, revivent et reparaissent, à mesure que les autres s’en séparent et les y laissent à découvert.

On peut avancer longtemps dans la vie sans y vieillir. Le progrès, dans l’âge mûr, consiste à revenir sur ses pas, et à voir où l’on fut trompé. Le désabusement, dans la vieillesse, est une grande découverte.