Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/234

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qu’il faut planter et non bâtir, quoi qu’en aient dit les jeunes hommes.

La vie est un pays que les vieillards ont vu et habité. Ceux qui doivent le parcourir ne peuvent s’adresser qu’à eux, pour en demander les routes.

Il faut recevoir le passé avec respect, et le présent avec défiance, si l’on veut pourvoir à la sûreté de l’avenir.

Notre vie est du vent tissu.

Que de gens boivent, mangent et se marient ; achètent, vendent et bâtissent ; font des contrats et soignent leur fortune ; ont des amis et des ennemis, des plaisirs et des peines ; naissent, croissent, vivent et meurent, mais endormis ! Il ne suffit pas de suivre le grand chemin de la vie humaine, de naître, de se marier et de mourir. Il faut, tandis qu’on croît, vivre soumis