Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/267

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bien fait, et les belles manières nous en donnent quelque apparence. On se tient droite, pour paraître grande ; on efface ses épaules, pour rendre sa poitrine plus large ; on marche la tête levée, pour donner à son cou une longueur plus gracieuse.

Les manières sont un art. Il y en a de parfaites, de louables et de fautives ; mais il n’en est point d’indifférentes. Comment n’y a-t-il pas, parmi nous, de préceptes qui les enseignent, ou du moins de doctrine qui nous apprenne à en juger, comme de la sculpture, de la musique ? La science des manières serait plus importante au bonheur et à la vertu des hommes qu’on ne le croit. Si la vertu conduit aux mœurs, les mœurs conduisent à la vertu : or, les manières sont une partie essentielle des mœurs. Il faut donc se donner des manières belles, simples et convenables, dans chaque occasion, pour parvenir à la sublime sagesse.