Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/282

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Il faut que chaque homme ait en soi une force qui fasse plier ses actions, même les plus secrètes, à la règle, et qu’il dirige sur lui-même sa pensée et son action, les regards de son intelligence et la main de sa volonté.

Chacun doit être le magistrat, le roi, le juge de soi-même.

Notre goût juge de ce que nous aimons, et notre jugement décide de ce qui convient : voilà leurs fonctions respectives, et ils doivent s’y tenir. Il faut qu’il y ait entre eux la même différence qu’entre l’inclination et la raison.

Nos qualités ne sont qu’un ordre sans lumière, une régularité sans règle, une droiture sans cordeau, un équilibre sans aplomb, une harmonie dont rien ne nous bat la mesure, un instinct de ce qu’il faut être, et non pas de ce qu’il faut faire. Sans le devoir et son idée, point de solidité dans la vertu.