Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/306

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Il est des préjugés naturels et non acquis, qui précèdent le jugement, et le conduisent où il faut nécessairement qu’il aille, et par les chemins qu’il doit suivre pour faire de justes progrès. On s’égare, si l’on se refuse à de tels guides. Le philosophe doit s’y conformer en exposant la vérité ; il peut même emprunter quelquefois aux préjugés de son temps leur langage, pourvu qu’il ne leur emprunte jamais leur égarement.

Le soin de bien dire la vérité et d’apprivoiser l’attention est un devoir, une fonction du sage et une marque de sa bonté.

éclaircir une vérité, la rendre plus intelligible, la montrer sous un jour plus beau et qui attire l’attention, lui donner enfin un lustre nouveau, c’est là répandre la lumière.

Une goutte de lumière vaut mieux à donner ou à recevoir qu’un océan d’obscurités.