Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/310

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de contredire le docteur, au désir de contredire la doctrine. L’audace avec laquelle on défend la vérité, excite une audace contraire ; les bravades de ses champions lui ont fait beaucoup d’ennemis. Parez-la et ne l’armez pas : on lui fera bien moins la guerre.

Il est d’imposantes maximes qui portent, dans leur propre sens, la raison de leur certitude, ce qui fait leur autorité. Or, cette raison très-puissante, qui fait la force du précepte, n’en peut pas être séparée. Elle tourne, en quelque manière, dans ce cercle qu’elle remplit, sans en excéder les limites, s’y concentre et n’en sort jamais. On sent qu’elle y est répandue, mais on n’oserait l’en abstraire, ni la dégager de la place qu’elle occupe dans notre esprit, et de la vague profondeur qui semble être sa sûreté. Elle s’y maintient hors d’atteinte, et pour ainsi dire, hors de prise, élevée au-dessus du doute, et à la fois inaccessible aux objections et à la preuve : signes complets de transcendance qu’on n’a pas encore observés ou clairement déterminés. Ainsi la terre et tous ces globes qui se balancent dans le vide, et roulent en nous éclairant, tiennent