Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/324

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l’âme s’y égaie et s’y rajeunit dans les joies de l’intelligence.

Ce qui nous trompe en morale, c’est l’amour excessif du plaisir. Ce qui nous arrête et nous retarde en métaphysique, c’est l’amour de la certitude.

Dans les questions de métaphysique, il faut se décider par la clarté, et, dans les questions de morale et de pratique, par l’utilité.

Dès qu’on peut dire : il est avantageux au genre humain, on a prouvé ce qu’il faut faire, de même que, lorsqu’on a conçu nettement, on a trouvé ce qu’il faut croire.

La métaphysique est à la morale ce que les mathématiques sont à la mécanique, la physique à la médecine, la chimie à la pharmacie : elle doit fournir des motifs, par ses clartés, comme les autres sciences, par leurs théories, doivent fournir des machines, des procédés, des mélanges. Malheureusement on ne l’a employée jusqu’ici qu’au service de sa servante,