Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/34

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Ce petit roman par lettres, car tout s était passé sans que M. Joubert revînt à Paris, n’avait pas absorbé son attention jusqu’à l’empêcher de former à Villeneuve quelques relations étroites. Il quitta la Bourgogne, emportant des regrets qui devaient l’y ramener plus tard. Peu s’en fallut cependant qu’à cette époque son existence ne prît un autre cours. On était en 1790. L’Assemblée constituante venait de modifier l’organisation judiciaire et d’y introduire les justices de paix, magistrature élective qui avait été accueillie en France avec un grand enthousiasme. Le choix de ces juges du foyer, abandonné aux justiciables eux-mêmes, semblait dans chaque canton d’une haute importance. Plus d’une ambition de localité briguait le suffrage d’électeurs dont la ferveur encore vierge cherchait avant tout les plus capables et les plus dignes. À Montignac, leur choix se porta sur un homme qui n’y songeait guère. Malgré son éloignement et son silence, M. Joubert fut élu. Ce témoignage spontané de la confiance de ses compatriotes vint le trouver à Paris. Il y avait reçu, peu de temps auparavant, la nouvelle de la mort de son père. Ses frères, poussés par le besoin de choisir un état, avaient successivement après lui quitté la maison paternelle, et, demeurée seule avec ses filles, sa mère avait besoin d’un appui. 11 avait donc à remplir à la fois les devoirs du fils et ceux du citoyen. C’était plus qu’il n’en fallait pour mettre fin à toute hésitation, et, laissant ses occupations littéraires pour des travaux plus graves, après douze années d’absence, il retourna en Périgord.

H rapportait dans son pays natal un esprit agrandi par la réllexion et le commerce du monde. Aussi combien,