Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/349

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ses limites viennent d’elle ; ils la veulent éminente et pleine, semblable à un disque, et non pas semblable à un point.

Ceux qui veulent gouverner aiment la république ; ceux qui veulent être bien gouvernés n’aiment que la monarchie.

Placer la puissance où la force n’est pas, et lui donner des contre-poids, c’est le secret du monde politique. Plus il y a, dans un état, de puissance ou de force morale, en opposition avec la force réelle ou physique, plus cet état est habilement constitué. Il n’y a point d’art, point d’équilibre et de beauté politique, chez un peuple où la force et la puissance se trouvent dans les mêmes mains, c’est-à-dire dans celles du grand nombre. Aussi l’histoire des démocraties n’a-t-elle d’éclat et d’intérêt que lorsque la force se déplace réellement, par l’effet de l’ascendant de quelque homme vertueux sur les mouvements de la multitude, qui seule est forte par elle-même et sans fiction.

De la fiction ! Il en faut partout. La politique elle-même est une espèce de poésie.