Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/369

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sage, le plus moralement obligatoire, le plus conforme à la volonté de Dieu. Destinées à régner toujours, les lois doivent porter l’empreinte d’une raison élevée au-dessus de tous les cas particuliers. Les décrets, au contraire, n’ont que les circonstances en vue ; ils sont rendus par le législateur, non en tant que législateur, mais en tant qu’administrateur de la cité. Faits pour un temps, pour un moment, ils n’ont pas besoin d’être, comme la loi, l’expression de la raison éternelle : il suffit qu’ils soient commandés par la prudence. Les lois se taisent dans les troubles ; c’est alors que les décrets parlent. Les lois brillent dans les beaux jours, et les décrets dans les jours nébuleux.

Ils voilent la loi comme, en de certains moments où l’adoration est suspendue, on voile, dans nos temples, ce qu’on y honore, pour en éviter la profanation.

Les meilleures lois naissent des usages.

Les premières lois n’ont été que les premières pratiques rendues immuables par l’injonction de l’autorité publique. Tout ce qui devient