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TITRE XVI.

DES MŒURS PUBLIQUES ET PRIVÉES ; DU CARACTÈRE DES NATIONS.


I.

Les mœurs se composent de coutumes et d’habitudes. Les coutumes font les mœurs publiques, et les habitudes les mœurs individuelles. Si les mœurs publiques sont bonnes, les mœurs individuelles comptent pour peu, parce que la diffamation, qui les punit, en arrête les inconvénients. Mais, quand les mœurs publiques sont mauvaises, les bonnes mœurs particulières acquièrent une importance extrême. Elles en deviennent la censure, et quelquefois le correctif. Elles sauvent les principes par une sorte de protestation contre le siècle ; elles conservent le feu sacré, et le transmettent, comme un dépôt, à la génération qui suit.