Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/377

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son esprit par les clartés, les figures et les couleurs de la parole ; en religion, d’aimer le ciel ; en toutes choses, de connaître et d’améliorer toutes choses en soi. Cherchez donc dans l’histoire des hommes ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas ; dans la politique, ce qui est utile et ce qui ne l’est pas ; dans la morale, ce qui est juste et ce qui ne l’est pas ; dans la littérature, ce qui est beau et ce qui ne l’est pas ; dans les matières religieuses, ce qui est pieux et ce qui ne l’est pas ; en toutes choses enfin, ce qui rend meilleur ou ce qui rend pire.

Les temps sont pour nous comme les lieux ; nous vivons dans les uns comme dans les autres ; nous en sommes environnés ; ils nous touchent, nous emboîtent, et font toujours sur nous quelque impression. Des lieux malsains et des temps corrompus nous infectent de leur contagion.

Il faut être caillou dans le torrent, garder ses veines, et rouler sans être ni dissous, ni dissolvant.