Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/393

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Il faut ménager le vent aux têtes françaises, et le choisir, car tous les vents les font tourner.

Les français sont les hommes du monde les plus propres à devenir fous, sans perdre la tête. Ils ne se trompent guère que méthodiquement, tant ils sont peu faits pour la méthode.

Leur raison va toujours plus droit et plus vite que leur raisonnement.

Les français étaient un peuple moral, par leurs vices mêmes, qui les attachaient peu à la matière ; tandis que les hollandais, par exemple, étaient un peuple matériel, même par leurs vertus, l’amour du travail et l’esprit d’épargne.

Nous avons encore en france, une expression bourgeoise qui est un reste et un signe de la noblesse et du désintéressement ordinaires en nos mœurs passées. On dit, dans nos petites villes, d’un homme qui aime à entasser : il tient à la matière, expression très-philosophique, et qui certes fait honneur à la nation où elle est en usage.