Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/397

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métaux, et se croit, comme la nation la plus noble de la terre, seul digne de le posséder.

Aussi a-t-il été impitoyable envers les indiens, pour leur arracher cette matière souveraine, qui lui semblait captive entre les mains d’un peuple nu.

Les espagnols ont, dans leurs sentiments, l’enflure qu’on trouve dans leurs livres ; enflure d’autant plus déplorable qu’elle couvre une force de caractère et une grandeur réelles.

Ils se sont rendus odieux et criminels par un faste insensé, et souffrent encore aujourd’hui de l’horreur que nous inspirent les conquérants de l’Inde. Cet exemple doit enseigner aux autres peuples à prendre plus de soin de l’honneur de leur nom, et à le maintenir sans tache ; car, malgré soi, on départ sur les individus, dans les rapports même de l’intimité, l’opinion qu’on a conçue des mœurs et du caractère général de leur nation.

Donner à ses souverains de nouveaux empires, et trouver l’occasion de devenir et de se montrer savant, tel était le double but