Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/400

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et dureront peu, parce qu’elles sont de culture et non d’essence ; un peuple enfin dont on a fait ce qu’il ne peut pas être, et qui est condamné à redevenir ce qu’il était : tels sont les russes.

Il y a, dans les flatteries des orientaux, plus d’admiration que de crainte.

Les chinois sont-ils dans un état aussi imparfait qu’on le prétend, et y a-t-il au monde un seul peuple où le pouvoir, le ministre et le sujet soient plus fortement et plus distinctement unis, séparés, établis ? " ils ont été souvent vaincus », dit-on ; mais faut-il rendre les institutions d’une nation responsables des hasards et des événements de la guerre ? Ils ont été souvent vaincus ! Oui, leurs empereurs, mais jamais leurs mœurs. Et la durée n’est-elle pas un signe de l’excellence, dans les lois, comme l’utilité et la clarté sont un caractère de vérité, dans les systèmes ? Or, quel peuple eut jamais des lois plus anciennes, qui aient moins varié, et qui aient été plus constamment honorées, aimées, étudiées ?