Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/406

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Dinarque disait aux athéniens : « vous avez fait mourir Menon, le meûnier, parce qu’il avait retenu dans son moulin un enfant libre de Pellène. Vous avez puni de mort Thémistius, parce qu’il avait insulté, pendant les fêtes de Cérès, une musicienne de Rhodes ; et Euthymaque, parce qu’il avait prostitué une jeune fille d’Olynthe… » quelle idée une telle sévérité donne à notre esprit de la douceur de mœurs et de la bonté naturelle des athéniens ! Quelquefois, en effet, des lois rigides annoncent un peuple qui est bon.

Le mépris des injures particulières était un des caractères des mœurs antiques.

Les anciens vantent toujours la fermeté comme une qualité héroïque et rare. Il fallait qu’ils fussent naturellement bien éloignés de notre sécheresse de cœur et de mœurs. Il y avait dans l’âme des anciens une sensibilité et des tendresses que nous n’avons plus. Des idées plus justes nous ont rendus, même