Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/418

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en effet, pour la pratique et pour l’utilité, l’art, dans un ouvrage, est fort au-dessus du sujet. C’est l’art qui instruit ; c’est de lui qu’il est permis de s’enrichir. On peut enlever ses beautés et les placer ailleurs, sans rien ôter aux ouvrages où elles se trouvent. Les pots de terre des étrusques nous ont appris à modeler l’or et l’argent.

Nous ne savons rien dire sans le brouiller et le chiffonner. Les anciens, au contraire, déplissaient et déployaient tout.

Les anciens soutenaient que dans toute œuvre littéraire, même dans une harangue, il devait se trouver une gauche et une droite, un côté d’où partît le mouvement, un autre où il allât aboutir et d’où il revînt, par une circulation qui s’étendît à tout et qui passât par tous les points.

Dans nos écrits, la pensée semble procéder par le mouvement d’un homme qui marche et qui va droit. Dans les écrits des anciens, au contraire, elle semble procéder par