Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/454

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On pourrait tellement préparer l’éducation de l’homme que tous ses préjugés seraient des vérités, et tous ses sentiments des vertus.

Il faut rendre les enfants raisonnables, mais non les rendre raisonneurs. La première chose à leur apprendre, c’est qu’il est raisonnable qu’ils obéissent, et déraisonnable qu’ils contestent. L’éducation, sans cela, se passerait en argumentations, et tout serait perdu, si tous les maîtres n’étaient pas de bons ergoteurs.

Quand les enfants demandent une explication, qu’on la leur donne et qu’ils ne la comprennent pas, ils se contentent néanmoins, et leur esprit demeure en repos. Et cependant qu’ont-ils appris ? Que ce qu’ils ne voulaient plus ignorer est très-difficile à connaître ; or, cela même est un savoir ; ils attendent, ils patientent, et avec raison.

L’éducation se compose de ce qu’il faut dire