Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/461

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La direction de notre esprit est plus importante que son progrès.

Il faut laisser à chacun, en se contentant de les perfectionner, sa mesure d’esprit, son caractère et son tempérament. Rien ne sied à l’esprit que son allure naturelle ; de là son aisance, sa grâce et toutes ses facilités réelles ou apparentes. Tout ce qui le guinde lui nuit ; en forcer les ressorts, c’est le perdre. Nous portons tous quelques indices de nos destinations.

Il ne faut pas les effacer, mais les suivre, sans quoi nous aurons inévitablement une fausse et malheureuse destinée. Il faut que ceux qui sont nés délicats, vivent délicats, mais sains ; que ceux qui sont nés robustes, vivent robustes, mais tempérants ; que ceux qui ont l’esprit vif, gardent leurs ailes, et que les autres gardent leurs pieds.

Les secours donnés à l’esprit pour le rendre plus attentif et plus étendu, sont une force prétendue, une industrie acquise, qui le